Waw magazine

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 un tout petit badge qui rend d’énormes services

En développant une application multitâche intégrée à une borne interactive, l’entreprise nivelloise facilite le quotidien de centaines d’écoles et chantiers en Belgique. Elle est aussi en train d’étendre sa gamme à la gestion de cantines, des distributeurs d’aliments et à l’accès des bâtiments.

 

En quelques années, les systèmes de gestion informatisés sont sortis des PC pour entrer dans les smartphones ou dans les poches de tout un chacun. Un seul clic peut donner un accès sécurisé à une foule d’informations et de services rassemblés sur une même plateforme.

Alain Préat, fondateur de APKiosk

Fondée en 2012, la PME nivelloise APKiosk a rapidement fait ses preuves pour devenir leader sur deux marchés encore peu exploités, celui des écoles et celui des chantiers de construction. A sa tête, Alain Préat, un gradué en informatique qui a d’abord tâté le marché en créant Apresoft, une société spécialisée dans le logiciel sur mesure. « Tout a commencé avec la demande d’une école qui cherchait une solution informatique pour gérer sa cantine, raconte le directeur. On a eu l’idée de créer un compte préalimenté par les parents d’où seraient déduits les repas et les consommations et sur lequel on pourrait aussi réserver les repas ».

Une application qui s’utilise comme un couteau suisse

La société APKiosk est née de l’intégration de cette application dans une borne interactive facilitant l’accès à tous les services offerts. Moyennant quelques adaptations, l’application d’une école est devenue celle de toutes : APSchool. Dans cette application générique, d’autres services se sont progressivement ajoutés dans quatre domaines : l’administratif, le financier, le pédagogique et le disciplinaire. Comme un couteau suisse, l’application compte jusqu’à trente-cinq modules parmi lesquels l’école peut faire son choix. L’application évite la manipulation d’argent et offre une traçabilité intégrale des paiements, facilite la communication entre la direction, les équipes enseignantes et les parents.

Elle permet une gestion simple des présences et des absences, comme de l’accès et de la sortie des établissements pendant et en dehors des heures de classe. Elle facilite aussi la gestion du PIA (Plan individuel d’apprentissage) de l’élève. Aujourd’hui, APSchool tourne dans cinq cents écoles des réseaux maternel, fondamental et secondaire. Et l’entreprise est sur le point se signer un premier gros contrat pour installer son application à l’étranger, mais elle préfère rester discrète tant que l’accord n’est pas définitif.

Une borne pour l’application APSchool qui permet de recharger le compte de l’enfant ou du jeune avec une carte bancaire comme s’il s’agissait d’un terminal de paiement.

Pour la gestion des chantiers

L’autre produit phare de APKiosk est APChantier qui a été mis au point en 2014 à la faveur d’une nouvelle législation imposant aux chantiers de construction de plus de 800.000 euros de placer une pointeuse sur le site afin de vérifier si tous les travailleurs qui y accèdent sont en ordre d’ONSS. « Nous avons développé une borne standardisée qui équipe plus de quatre cents chantiers, précise Alain Préat. Notre entreprise propose un service complet qui intègre la borne, le soft et sa maintenance. APChantier s’est imposé sur ce nouveau marché par la force de son produit qui se vend via le bouche-à-oreille, sans délégué commercial. Ce qui explique que, pour le moment, nos clients se concentrent encore dans la partie francophone du pays ».

Pour répondre aux demandes de certaines entreprises, APKiosk a mis au point une borne de deuxième génération, dotée d’un écran qui offre une plus grande interactivité, permettant, par exemple, de déterminer le temps de prestation par tâche d’un travailleur.

Une armoire-frigo avec badge

Installé à Nivelles depuis 2019, APKiosk y assure, dans son atelier, la maintenance et le recyclage de tous ses appareils. Forte de son expérience, la société propose désormais la gamme APSelf qu’elle pourra adapter à ses besoins particuliers. « Nous nous sommes aperçus que les entreprises étaient confrontées aux mêmes problèmes de gestion des cantines, des distributeurs de boisson ou de nourriture, et d’accès aux bâtiments ». C’est ainsi que la société, jamais en manque d’idées, a mis au point les appareils de demain, comme l’APFridge, une armoire-frigo garnie de repas sains concoctés avec des produits frais locaux par des ateliers protégés. Une fois identifié par son badge, l’élève ou l’employé peut choisir le plat qui le fait saliver dont la valeur est automatiquement déduite de son compte par le simple fait d’avoir retiré le plat du frigo.

APFridge, une armoire-frigo garnie de repas sains concoctés avec des produits frais locaux par des ateliers protégés.

Le petit badge n’a pas fini de rendre service ni l’entreprise de prendre de l’ampleur, puisque si elle emploie aujourd’hui quatorze personnes et deux consultants, elle prévoit de passer à une vingtaine de collaborateurs en 2023.

www.apkiosk.com

LE RETOUR DE L’AIGLE

A l’heure du bicentenaire de sa mort, Napoléon Bonaparte est plus vivant que jamais. A Liège, une copieuse exposition enrichie de reconstitutions et d’objets authentiques retrace et remet en contexte son règne. Jusqu’au 9 janvier 2022.


Comment raconter, comment montrer Napoléon, cette “rock star de l’histoire” comme le qualifie Bruno Ledoux, le collectionneur qui a prêté bon nombre de pièces de l’exposition Au-delà du mythe, montée par Europa Expo à la gare de Liège-Guillemins ? Homme de vision et d’ambition, il a émaillé son règne de faits d’armes et de décisions politiques, parfois autoritaires. Tous ces éléments sont présents dans cette exposition-événement qui marque le bicentenaire de la disparition d’un homme politique et d’un militaire qui a su se faire admirer autant que détester. Trois-cent-cinquante pièces authentiques, dont certaines n’avaient jamais été montrées, racontent cette destinée exceptionnelle sur près de 3.000 m2.

© Collection Bruno ledoux

Longwood House

Le règne de Napoléon a été assez court, mais son impact sur l’Europe a été énorme. Si sa vie s’est achevée à Sainte-Hélène, c’est aussi là que le mythe a pris de l’ampleur, nourri par les mémoires auxquelles il a consacré une bonne partie de ses dernières années. L’exposition commence sans fanfare sur ce petit bout de rocher perdu au milieu de l’Atlantique Sud. Les premiers objets s’y déploient pour évoquer le séjour du monarque déchu à Longwood House, une résidence posée sur un plateau humide et venteux où il vécut dans un relatif confort avec sa suite. Aux représentations hagiographiques de l’empereur dictant ses mémoires répondent les caricatures d’un homme ventripotent croquées par un de ses geôliers anglais.

Enfant de la Révolution

Napoléon Bonaparte n’avait pas 20 ans quand éclate la Révolution et son accession au pouvoir est une conséquence directe du nouveau régime instauré à partir de 1789 et auquel se consacre la suite de l’exposition. Une lame de guillotine, qui devait peser entre trente et soixante kilos, éclabousse de son tranchant cette section où l’on trouve également la chemise que portait Louis XVI le jour où il a été conduit à l’échafaud, une impressionnante clé de la prison du Temple, ou encore un bonnet phrygien et une carmagnole (qui n’était pas qu’une danse puisqu’elle désignait aussi une veste à basques courtes et gros boutons adoptée par les sans-culotte).

La famille Buonaparte, ses frères, ses sœurs, leurs femmes et enfants, ont aidé Napoléon à conserver le contrôle des territoires conquis par les armes. Il a fait de ses frères et beaux-frères des rois qu’il a positionnés sur la carte de l’Europe comme les jetons d’un Stratego. La ligne du temps agrémentée d’un profil généalogique nous permet de savoir qui est qui dans cette famille aux innombrables alliances.

Le visiteur plonge dans une de ces reconstitutions immersives dont Europa Expo a le secret.


Une machine de guerre

Poursuivant le parcours, on plonge dans une de ces reconstitutions immersives dont Europa Expo a le secret. C’est le bivouac de l’armée. On traverse une cour de ferme pavée, il y a des soldats qui réchauffent leur rata, Bonaparte et ses conseillers qui planchent sur les mouvements de troupe à venir, les chevaux mis en repos, le mamelouk qui prend l'air et quelques chiens errants à l’affut de victuailles. L’armée napoléonienne, qui a compté jusqu’à 600.000 hommes, était une véritable machine de guerre. Seuls les officiers disposaient d’un cheval, les soldats se contentaient d’avancer un pied devant l’autre. Devant les villageois partagés entre l’effroi et l’admiration, la troupe pouvait défiler pendant plusieurs heures. De nombreuses pièces d’équipement et d’armement restituent cette armée en marche. D’un côté, on a le havresac du soldat, un bon vingt-cinq kilos, de l’autre, le matériel de campagne de l’empereur avec lit pliant, nécessaire de toilette, bibliothèque portative, longe vue et cartes. Entre 1792 et 1815, Napoléon a porté le sabre et le canon à travers l’Europe au cours de sept campagnes jusqu’à la défaite de Waterloo. On en voit des armes et des uniformes, dont notamment ceux des Gardes wallonnes qui ont affronté les troupes napoléoniennes lors de la bataille de Burgos, en 1808.

Maître de la France à 30 ans, Napoléon se fait couronner empereur quatre ans plus tard. Le sacre qui déroule ses fastes sous la voûte de Notre-Dame est une opération de communication et propagande à usage interne et vis-à vis des cours étrangères. C’est le moment d’évoquer les apparats de l’Empire avec la vaisselle, le mobilier et la garde-robe, avec un savant mélange de pièces d’époque et de reconstitution. Beaucoup voient dans le code Civil et toutes les institutions publiques qu’il a mises en place, la quintessence de l’héritage napoléonien. Une section lui est consacrée dans un décor néo classique qui évoque l'Antiquité sublimée de ses héros Jules César et Alexandre le Grand.

© Collection Bruno Ledoux

Entre 1792 et 1815, Napoléon a porté le sabre et le canon à travers l’Europe au cours de sept campagnes jusqu’à la défaite de Waterloo.


Deux légions d’honneur “liégeoises”

Napoléon est venu deux fois à Liège d’où les troupes françaises avaient chassé les autrichiens en 1794. De retour de sa première visite, il demande à un jeune lauréat du Prix de Rome, Jean-Auguste-Dominique Ingres, de le peindre en habit de consul avec en arrière fond, la Cathédrale Saint-Lambert qui était alors en ruine. On évoquera aussi les deux légions d’honneur “liégeoises”. La première accordée à André Modeste Gretry, musicien très apprécié de Napoléon et par ailleurs invité d’honneur au sacre. La seconde, et c’est moins connu, a été attribuée à Hubert Goffin, un modeste ouvrier mineur qui, avec son fils de 12 ans, a sauvé la vie de 70 travailleurs piégés par une inondation.

Une baignoire en campagne

Une des pièces marquantes de la section est sans conteste la baignoire en zinc offert par Jean-Jacques Dony à Napoléon. Chanoine et chimiste, le fondateur de l’entreprise La Vieille Montagne déposa le brevet pour un procédé de production du zinc. Il offrit cette baignoire à l’empereur pour démontrer les qualités hydrofuges et la malléabilité de son nouvel alliage. Convaincu, l’empereur en aurait emportée un exemplaire identique avec lui lors de la campagne de Russie.

C’est avec des agrandissements de dessins du dernier voyage de la Belle Poule, une frégate de soixante canons qui ramena les cendres de Napoléon en France en 1840, que s’achève l’exposition.

Au final, chaque visiteur y trouvera sans doute le Napoléon qu’il est venu chercher. Si Bonaparte a très tôt veillé à contrôler son image et a compris son potentiel de propagande, l’exposition y ajoute aussi de nombreux objets qui permettent de replacer le personnage et ses agissements dans son contexte historique.

De Waterloo à Sainte-Hélène


Tableau de Maurice Dubois, où l’on voit, au couchant, une fillette fleurir l’Aigle blessé, le monument en hommage à la garde impériale.

En cette année de célébration du bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, le Mémorial 1815, à Waterloo, est évidemment un lieu incontournable. Une grande exposition inédite y est proposée jusqu’au 17 octobre. Intitulée De Waterloo à Sainte-Hélène, la naissance de la légende, elle s’intéresse à la période cruciale qui s’écoule entre la défaite à Waterloo en 1815 et le décès de Napoléon à Sainte-Hélène en 1821. Six années qui vont participer à la naissance de la légende napoléonienne. Exilé et désarmé, l’empereur a continué le combat avec la parole et la plume livrant sa vérité telle qu’elle apparaît dans le célèbre Mémorial de Sainte-Hélène.

L’exposition qui rassemble une centaine d’objets originaux et des documents d’époque provenant de musées et de collections privées déroule un parcours qui s’articule en quatre thématiques.

La première section évoque la période qui sépare le retour du vaincu à Paris et le départ vers sa destination finale. Une des pièces maîtresses est la grande toile de Paul Delaroche, plus exactement une copie d’atelier, où Napoleon, botté et avachi sur une chaise, semble accablé par son destin, quelques jours avant son abdication à Fontainebleau, en 1814.

Ensuite, on évoque l’exil à Sainte-Hélène. On peut découvrir l’île montagneuse telle qu’elle est apparue aux passagers du HMS Northumberland, sur une gravure réalisée par un officier de bord britannique. Il y a aussi cette baignoire en cuivre où il restait nonante minutes le matin, ainsi qu’un verre de malade avec lequel il soignait l’ulcère d’estomac qui va l’emporter.

Le masque mortuaire en bronze de Napoléon réalisé par son médecin Antommarchi.

Entre la défaite à Waterloo en 1815 et le décès de Napoléon à Sainte-Hélène en 1821, six années vont participer à la naissance de la légende napoléonienne.


La construction du mythe

Le troisième espace est consacré à la construction littéraire du mythe, notamment nourri de ses mémoires dictées à ses compagnons d’exil. On peut ainsi voir différents ouvrages originaux issus de la bibliothèque de Sainte-Hélène prêtés par le Musée de Châteauroux.

La dernière section s’attarde sur le temps du héros quand, après sa mort, Napoléon est élevé au statut de figure mythique. Les objets de cette section sont de ceux qui perpétuent la gloire de Napoléon, empereur et martyr. On peut voir notamment le masque mortuaire en bronze réalisé par son médecin Antommarchi ou le fameux tableau de Maurice Dubois, où l’on voit, au couchant, une fillette fleurir l’Aigle blessé, le monument en hommage à la garde impériale. La légende a pris son envol…

DES VENINS POUR GUÉRIR

Basée à Montrœul-au-Bois, Alphabiotoxine a su développer un savoir-faire sans pareil et un catalogue de venins de trois cents espèces différentes envoyés aux quatre coins du monde pour préparer les médicaments de demain.

 


© Cédric Vanbellingen
Mygale arboricole d'Afrique de l'ouest

Ce sont des animaux que l’on préfère ne pas voir parce qu’ils inspirent la phobie, sentiment justifié dans bien des cas en raison de leur dangerosité. Serpents, mygales, scorpions et autres animaux venimeux suscitent la répulsion des uns et la fascination des autres. Ce sont aussi des animaux qui ont intégré la pharmacopée humaine depuis l’antiquité. Mais ce n’est qu’au XIXe siècle, sous l’impulsion de Pasteur et de ses disciples, qu’on a commencé à utiliser les venins pour la production de sérums antivenimeux.

A partir des années 60, l’intérêt pour les venins a pris une dimension plus industrielle, mais elle était encore centrée sur les serpents et la production de sérums antivenimeux. Alors que le monde animal compte près de 100.000 espèces venimeuses, les scorpions et araignées, par exemple, étaient peu exploités. Voici quelques dizaines d’années, on s’est rendu compte que les molécules complexes qui composent ces venins cachent un large éventail de vertus thérapeutiques qui restent encore à découvrir. L’évolution technologique dans les laboratoires a permis l’extraction de doses de venin de plus en plus réduites jusqu’au picogramme.

Une entreprise unique mais discrète

Aujourd’hui, partout dans le monde, des laboratoires de recherche universitaires ou privés, des biotechs, développent des recherches à partir des venins. Et pour se procurer quelques gouttes de ces précieuses substances, c’est à une entreprise wallonne, unique en son genre, qu’ils font appel. Alphabiotoxine aime la discrétion. L’entreprise occupe une ancienne ferme en retrait d’une petite route qui traverse le village de Montrœul-au-Bois. C’est là qu’elle a vu le jour à l’initiative de Rudy Fourmy, technicien de laboratoire passionné par la chimie des venins, rejoint ensuite par le docteur en chimie Aude Violette. Ensemble, ils gèrent un catalogue de trois cents venins provenant de serpents, lézards, araignées, scorpions, batraciens, hyménoptères et de quelques autres espèces plus inattendues.

La diversité plus que la quantité

« Au début des années 2000, je suivais des cours sur la chimie des venins au muséum d’histoire naturelle de Paris et je me suis rendu compte que les chercheurs étaient frustrés de ne pas pouvoir se procurer la matière première pour alimenter leurs recherches », explique Rudy Fourmy. Entreprise de niche, Alphabiotoxine se focalise sur la diversité plus que sur la quantité. Dans ses locaux, elle n’héberge en général qu’un individu de l’espèce dont elle propose le venin, avec une capacité maximale de deux cents serpents et trois mille invertébrés. Dans les cas où le stock de venin est suffisant pour une espèce, l’animal sera confié à une institution zoologique.

Les venins qu’Alphabiotoxine envoie par coursier aux quatre coins de la planète sont destinés aux laboratoires de recherche et non à la production industrielle. « L’extraction de venin sur des animaux ne permettrait pas de générer une production à large échelle. Un venin résulte de l’assemblage de plusieurs dizaines de molécules dont seule l’une d’entre-elles recèle le principe actif que l’on recherche. Une fois qu’elle aura été isolée, elle peut être synthétisée en vue d’une production industrielle. »


© Cédric Vanbellingen

Le souci du bien-être animal

Chez Alphabiotoxine, pas de grands vivariums pour héberger les animaux. Mais des rangées de bacs et de boîtes en plastique adaptés à la taille et aux besoins de l’animal. Ils y trouvent un substrat en lien avec leur environnement naturel et divers éléments pour leur servir de cachette. Mais tout n’est pas caché. La paroi vitrée d’un terrarium de reproduction laisse admirer un mamba vert, un serpent arboricole très venimeux originaire d’Afrique de l’Est qui louvoie comme une coulée verte presque lumineuse. Le bien-être animal est un souci majeur et permanent de l’équipe. « On est dans une toute autre approche éthique qu’au début du XXe siècle. C’est pour cela que nous gardons le moins d’animaux possible. Nous sommes en mesure de répondre à toutes les demandes avec un ou deux spécimens de chaque espèce. »

La plupart des animaux sont nés en captivité. Pour les araignées, dont l’identification n’est pas toujours facile, Alphabiotoxine joue la carte de la sécurité en privilégiant l’élevage, un processus qui en laisse pas mal au bord du chemin. Il faut savoir qu’un cocon de mygales peut contenir jusqu’à mille œufs dont cent vingt environ deviendront des mygalons et une quarantaine seulement atteindront une taille compatible avec la production. La traite des serpents s’effectue manuellement, en pressant légèrement les glandes du reptile sans lui causer trop de gène. La quantité extraite est d’ailleurs impressionnante. Pour les scorpions et araignées qui disposent d’un squelette externe, le venin est obtenu par une brève impulsion électrique qui n’occasionne pas de douleur ni de lésion. Chez eux, en revanche, les quantités sont infimes.

La traite des serpents s’effectue manuellement, en pressant légèrement les glandes du reptile sans lui causer trop de gène. La quantité extraite est d’ailleurs impressionnante.

 


© Cédric Vanbellingen

En collaboration avec les universités

Toutes les procédures d’extraction suivent des protocoles très stricts. En période normale, la traite des serpents a lieu toutes les trois semaines. Mais, depuis le début de la pandémie, le rythme s’est réduit pour exclure tout risque, même si depuis leur début d’activité, aucune morsure n’a été à déplorer. Mais cela reste des animaux dangereux. « On n’apprivoise pas un serpent, on le manipule », tient à rappeler le docteur Aude Violette. En cas d’accident, des plans d’urgence permettent d’accéder à des stocks de sérums antivenimeux. L’extraction n’est qu’une des étapes d’un exigeant travail de laboratoire, car avant d’envoyer le produit au client, il faut le traiter par congélation ou lyophilisation. Très souple, l’entreprise peut adapter ses productions aux demandes des clients en fonction du type de recherche. Le laboratoire ne mène pas de recherche autonome, mais collabore avec différentes universités. Avec l’UMons pour l’élaboration d’un test diagnostic de l’éclampsie (crises convulsives en fin de grossesse) à partir d’une molécule extraite du venin du crapaud buffle, avec l’ULiège sur les maladies neurodégénératives ou avec celle de Queensland, en Australie, pour des études sur l’évolution. Le laboratoire a aussi été le fournisseur principal du programme de recherche européen Venomics qui a pour but de développer le potentiel thérapeutique du venin de différentes espèces.

Rudy Fourmy et Aude Violette gèrent à eux deux un catalogue de trois cents venins provenant de serpents, lézards, araignées, scorpions, batraciens, hyménoptères et de quelques autres espèces plus inattendues.

 


© Cédric Vanbellingen
Poisson pierre d’estuaire

En quête d’un ornithorynque

Alphabiotoxine s’est développé en autofinancement, acquérant au fil du temps un savoir-faire unique dans des productions originales. L’entreprise exporte 95 % de sa production, dont 70 % en Europe. Remy Fourmy et Aude Violette sont les deux seuls collaborateurs à temps plein. Ils sont accompagnés d’une poignée d’intervenants extérieurs aux profils très spécifiques en fonction des besoins.

L’entreprise a ainsi atteint sa vitesse de croisière. « Nous ne cherchons pas à proposer les venins de six cents espèces au lieu de trois cent actuellement, nous préférons rentabiliser ce que nous produisons et qui est déjà très diversifié. » La croissance sera plutôt technologique. Ainsi, à moyen terme, ils envisagent de développer de nouvelles techniques, notamment pour extraire le venin des organismes marins.

Rudy Fourmy sait qu’il reste bien des choses à explorer dans le monde des venins et beaucoup d’animaux à découvrir. S’il devait concrétiser un rêve impossible, ce serait de pouvoir approcher un ornithorynque. L’animal, on le sait peu, est un des rares mammifères venimeux. Sur ses pattes postérieures, le mâle porte un aiguillon qui peut libérer un venin capable de paralyser une jambe humaine ou même de tuer un chien. Animal nocturne et farouche, l’ornithorynque ne subsiste à l’état sauvage que dans quelques zones reculées de l’est de l’Australie. Les possibilités d’une rencontre avec cette espèce menacée et protégée sont assez hypothétiques, mais le rêve rappelle que Alphabiotoxine n’est pas une entreprise comme une autre.

www.alphabiotoxine.com

 

— Santé

Sunrise analyse notre sommeil

Une étude menée en 2018 à partir des données recueillies dans seize pays indique que l’apnée du sommeil toucherait 936 millions de personnes. Ce trouble, qui se caractérise par un arrêt momentané de la respiration pendant le sommeil, peut avoir des conséquences potentiellement graves pour la santé. Jusqu’à très récemment, le diagnostic relevait du parcours du combattant puisqu’il impliquait une ou deux nuit passées à l’hôpital, bardé de câbles et de connecteurs. Face à ces obstacles, la grande majorité des gens souffrant de l’apnée du sommeil renoncent à se faire diagnostiquer. Mais tout cela pourrait bien changer grâce au dispositif révolutionnaire et très peu invasif développé par la PME namuroise Sunrise.

L’entreprise, fondée en 2015 par Laurent et Pierre Martinot dans la foulée des travaux de leur père, médecin et spécialiste du sommeil, a mis au point un petit capteur capable de déceler l’apnée du sommeil. Pesant à peine trois grammes, il se pose sur le menton où il mesure les micro mouvements générés pendant le sommeil et analysés grâce à une application informatique.

Pierre et Laurent Martinot ont fait le choix de développer leur entreprise en fonds propres. Fin 2019, la start-up a levé un million d’euros auprès de différents investisseurs. Des partenariats ont été noués avec l’UCL, l’UNamur, ainsi qu'avec l’Imperial College de Londres. Conforté par des études cliniques qui ont confirmé les mesures au-delà de 90 %, Sunrise a mis son premier dispositif sur le marché à la fin de l’année passée. Aujourd’hui, l’entreprise revendique déjà plusieurs milliers d’unités vendues. « Sa simplicité d’utilisation lui permet aussi servir de déclencheur, précisent les responsables. Une personne pourrait l’acheter en pharmacie (1) afin de faire le test. Si elle constate un problème, il lui suffirait alors de prendre contact, via notre intermédiaire ou de sa propre initiative, avec des médecins spécialisés en pathologie du sommeil. », explique Laurent Martinot.

Maintenant que son dispositif a obtenu l’agrément CE et est sur le point de bénéficier d’un remboursement par la sécurité sociale en France, Sunrise s’emploie à conforter sa structure pour s’implanter durablement dans différents marchés, avec une priorité pour les Etats-Unis où la demande est très importante. Le nombre de personnes employées pourrait ainsi grimper de douze à une vingtaine en fin d’année.

www.sunrise-sleep.com

(1) Le dispositif, non réutilisable, est vendu 119 euros.

— Covid 19

Eurogentec choisi pour fabriquer le vaccin à ADN d’Inovio

Basée à Seraing, dans le Liège Science Park, Eurogentec a commencé ses activités en 1985 en tant que spin-off de l’université de Liège. Comme sous-traitant, elle a développé une large gamme de services personnalisés dans la fourniture de produits et composants pour la recherche et l’industrie pharmaceutique, et fabrique notamment les produits et les réactifs utilisés pour les tests PCR. C’est ainsi que, depuis une quinzaine d’année, l’entreprise met au point des procédés industriels pour fabriquer en grande quantité des plasmides, ces molécules d’ADN qui, parce qu’elles sont capables de se répliquer et de transférer de l’information, constituent l’un des éléments clé de nombreuses thérapies géniques et cellulaires, comme en immunothérapie et en vaccinologie. Rachetée en 2010 par l’entreprise de chimie japonaise Kaneka, dont le site liégeois est devenu le pôle d’innovation pharmaceutique, Eurogentec est aujourd’hui le leader mondial de la production de masse de ces plasmides.

Séduite par ce savoir-faire, la firme de biotechnologie américaine Inovio a demandé à Kaneka Eurogentec d’intégrer son consortium manufacturier chargé de produire un vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2. Baptisé INO-4800, celui-ci se présente comme le seul vaccin à ADN stable pendant plus d’une année à température ambiante ; il n’a donc ainsi pas besoin d’être congelé pour sa conservation et son transport, ce qui est un avantage considérable pour la vaccination de masse. La production de ce vaccin pourra commencer dès la conclusion des essais de phase 3 menés aux Etats-Unis. Elle sera assurée au sein des nouvelles installations liégeoises qui permettent, grâce à un fermenteur 2200L, d’obtenir de grands volumes de vaccins.

Pour faire face à l’accroissement de sa production, l’entreprise, qui emploie actuellement 360 personnes à Seraing, compte engager 80 nouveaux collaborateurs.

Dans un avenir proche, Kaneka Eurogentec, qui fournit des clients en Belgique et en Europe, ainsi qu’aux USA et au Japon, a bien l’intention de conforter sa position de leader dans la fabrication à grande échelle de plasmides, mais aussi de développer de nouvelles installations pour produire des ARN messagers, lesquels sont appelés à jouer un rôle croissant pour prévenir et traiter, entre autres, les pandémies, les maladies orphelines, les cancers, les maladies infectieuses et les troubles génétiques.

www.eurogentec.com

LA PORTE DE L’ESPACE

L’Euro Space Center est un lieu unique qui associe loisirs, science et pédagogie autour de la conquête spatiale. Après un an de travaux, il fait peau neuve et peut à nouveau faire décoller ses visiteurs pour un voyage plein de surprises.

 

 

Mars et la lune n’ont jamais été si proches. Pour s’en convaincre, les apprentis astronautes n’ont qu’à franchir les portes de l’Euro Space Center de Transinne. Après une pause d’une année, le centre peut à nouveau accueillir des visiteurs. Mis sur orbite en juin 1991, il propose un mix inédit de pédagogie et de loisirs autour de la conquête spatiale. En près de trente années d’activités, il nous a mis la tête dans les étoiles, vulgarisé les sciences de l’espace et rassemblé autour de lui un pôle d’activités dédié au spatial. Et la magie de l’espace fonctionne toujours à plein. Ainsi, lors de la venue de l’astronaute Thomas Pesquet, en 2018, les réservations pour les 1.200 places disponibles, ouvertes à minuit, se sont écoulées en quelques heures.

Même si l’engouement ne faiblit pas, après près de trois décennies d’activité, le centre avait besoin d’un sérieux lifting. La plus grande part des investissements a été consacrée aux bâtiments. L’isolation, le chauffage, ainsi que l’hébergement des jeunes spationautes ont été revus de fond en comble. Le financement de ces postes a été pris en charge par l’intercommunale Idelux, propriétaire des infrastructures. Quand au contenu, il a été repensé et enrichi par l’équipe pédagogique interne afin de renforcer l’interactivité. « Aujourd’hui, les visiteurs sont en droit d’attendre autre chose. Nous ne sommes pas un parc d’attraction, ni un musée ; nous cherchons le juste milieu tout en veillant à la précision de toutes nos informations et à ne pas mélanger les genres », explique Yvan Fonteyne, le responsable de la communication.

Des tests préparatoires

L’exploration spatiale ne s’improvise pas. Chaque spationaute doit faire preuve de compétences bien affutées. Une fois passé le sas d’entrée, la première étape de la visite passe par le hub spatial où l’on est invité à passer toute une série de tests inspirés de ceux qui sont proposés aux futurs spationautes de l’Agence Spatiale Européenne. Au menu, des tests de mémoire et de logique des formes dans l’espace, un test de daltonisme où il faut distinguer des chiffres immergés dans un fond de couleur ou encore des tests d’équilibre sur une plateforme mouvante. Même s’ils ne sont pas simples pour tout le monde, il ne faut pas craindre l’issue de ces tests, puisque chacun sera reçu pour l’étape suivante, là où les choses sérieuses commencent.

Qui n’a pas rêvé de marcher dans les pas de Neil Amstrong sur la surface lunaire ? Inspiré du matériel d’entrainement développé par la NASA, le dispositif de marche lunaire était déjà l’une des attractions phares de l’Euro Space Center. Celle-ci a été enrichie et dotée d’un dispositif similaire pour la marche martienne. Bien calé dans un siège suspendu par un ressort, chacun ressent son poids réduit à un sixième pour la lune et à un tiers pour Mars. Equipé de lunettes de vision Oculus, il sera transposé dans un décor lunaire ou martien plus vrai que nature.

Juste à côté, on peut goûter au Free Fall Slide, un dispositif tout simple pour faire ressentir l’absence de pesanteur le temps d’une glissade de toboggan. Revêtu d’une combinaison et du casque adéquat, le candidat à la chute s’accroche des deux mains à la barre qui va le hisser jusqu’à une hauteur de huit mètres avant de le lâcher. Pour quelques brèves secondes, il aura la sensation de glisser dans l’espace jusqu’à se recevoir, un peu incrédule, sur une double couche de matelas.

Un village martien

Autrefois réservée à l’imaginaire et aux fameux petits hommes verts, la planète Mars est désormais un objectif scientifique. Les projets de conquête se précisent. Après les différents robots baladeurs déjà envoyés sur la planète rouge, d’aucuns assurent que le pied de l’homme y marquera son empreinte avant la fin du siècle.

Mais connait-on vraiment la planète Mars ? Le village martien est l’une des attractions phare de cet Euro Space Center 2020. Réparti en quatre espaces thématiques, il a l’ambition de partager et vulgariser la somme des connaissances disponibles sur Mars. Dès l’entrée, des voyants lumineux indiquent la distance qui nous sépare de l’astre rouge. Une distance qui fluctue en fonction de la rotation des deux corps célestes autour du soleil et explique pourquoi il faut attendre une fenêtre de tir favorable. La suite du parcours aborde, par des quizz et des écrans d’information, différents aspects de la vie quotidienne pendant le voyage, ce qu’on mange, comment on dort ou comment se protéger des rayons solaires. L’arrivée du vaisseau sur Mars sera cruciale. Si les différents robots d’exploration ont permis d’expérimenter des systèmes de parachutes et de rétrofusées, un équipage humain pose d’autres problèmes qui sont encore à l’étude au sein des différentes agences spatiales. Enfin, la dernière étape martienne est la plus ludique. Les visiteurs ont à leur disposition huit postes de pilotage pour une mission d’exploration. A l’aide d’un joystick, semblable à ceux des consoles vidéo, ils doivent faire progresser leur véhicule sur le terrain accidenté de la planète. Un œil sur l’écran de contrôle, l’autre sur le paysage visible derrière la vitre.

Le village martien est l’une des attractions phare de cet Euro Space Center 2020. Réparti en quatre espaces thématiques, il a l’ambition de partager et vulgariser la somme des connaissances disponibles sur Mars.


Un simulateur de vol

Autre nouveauté, le simulateur de vol, Space Flight Unit. Il se présente comme une moto sur laquelle on se couche les bras en avant et qui réagit au moindre de nos mouvements. On dispose de quelques minutes pour accomplir une mission de confiance. Avec les lunettes Oculus, la sensation d’immersion est parfaite. On se voit quitter le vaisseau en orbite, traverser une ceinture d’astéroïdes pour s’approcher de la planète rouge et filer entre les canyons escarpés jusqu’aux mines de cristaux avant de revenir au vaisseau.

Un nouveau bâtiment a également été construit pour abriter le Space Rotor où la graine de spationaute pourra tester la force centrifuge. Vingt-quatre personnes peuvent y expérimenter une force de 3G en étant collées à la paroi alors que le sol se dérobe sous leurs pieds. L’installation peut aussi tourner à une force de 1G qui permet – aux plus jeunes notamment – de ressentir la rotation sans être totalement déséquilibré.

Preuve que ce nouvel aménagement attise la curiosité ? Les classes de l’espace des six dernières semaines de 2020 sont déjà complètes et les réservations pour 2021 ont commencé.

 
Le Space Rotor où la graine de spationaute pourra tester la force centrifuge.

Un stimulateur de vocations



Rentable depuis 15 ans, l’Euro Space Center a dégagé, en 2018, un chiffre d’affaire de 3 millions d’euros et attiré 58.000 visiteurs. Sa réussite repose sur un dédoublement de la clientèle et des publics cible. Les week-ends sont dédiés au grand public, tandis que les jours de la semaine sont réservés aux stages destinés au public scolaire. Toujours en 2018, 17.000 jeunes écoliers sont venus en classe de l’espace, logeant sur place grâce aux 240 lits disponibles. Le contenu des activités a été élaboré pour coller au plus près avec les programmes de la communauté française. « De plus en plus d’écoles ont intégré le spatial aux cours de physique et de chimie. Cela a certainement contribué à la progression de 10 à 15 % du public scolaire qu’on constate depuis sept ou huit ans », indique Yvan Fonteyne. Mais les écoliers belges ne sont pas les seuls à s’inscrire aux stages de formation de l’Euro Space Center. Plus de trente nationalités ont déjà pu profiter de ses installations. On y retrouve de nombreux pays européens, mais également des jeunes venus d’autres nations spatiales comme l’Inde. Avec ceux situés à Houston aux USA et à Ankara en Turquie, l’Euro Space Center est un des rares centres de formation dédié aux matières de l’espace ouvert aux civils. Et pour ces jeunes qui viennent en classe de l’espace, c’est souvent le début de l’aventure d’une vie.
« On a d’anciens stagiaires qui travaillent aujourd’hui pour l’Agence spatiale européenne, pour la SABCA ou pour le centre d’étude nucléaire de Mol. Les stages créent beaucoup de vocations, c’est une récompense pour nous et nos équipes. »


Euro Space Center
Rue devant les Hêtres 1
6890 Transinne
+32 (0) 61 65 64 65

www.eurospacecenter.be

sur une mer de fragilités

Depuis juin, Liège dispose d’un nouveau musée pour exposer les œuvres d’artistes porteurs d’un handicap mental. Situé au cœur du parc d’Avroy, le Trinkhall Museum développe un travail et une approche singuliers initiés par le Créahm il y a plus de 40 ans.

 


© Trinkhall Museum

C’est un bateau pirate qui vogue toutes voiles dehors. Il est fait de morceaux de carton, de bouchons, de bouts de ficelle. Les bouches de canon désarmées laissent voir des dessins. Dans cette arche fantastique, Alain Meert a rassemblé tout ce qu’il aime, les gens, la musique et les arts plastiques.

L’artiste, qui fréquente depuis longtemps les ateliers du Créahm, a travaillé tout au long de l’année 2019 avec son accompagnateur Patrick Marczewski pour répondre à la question Qu’est-ce qu’un musée ? Son musée idéal est une œuvre fragile, insolite, joyeuse, solidaire et ouverte, qui fait fi des frontières et des embruns. A l’image des collections abritées par le Trinkhall Museum dont il salue la mise à flots. Ouvert en juin dernier au cœur du parc Avroy, le nouveau musée se place dans la continuation directe du travail artistique mené par le Créahm avec les personnes atteintes d’un handicap mental. Cette structure – dont l’acronyme correspond à créativité et handicap mental – a été fondée en 1979 par Luc Boulangé, un jeune artiste visionnaire. Porté par un mouvement international de remise en cause de la psychiatrie et du regard sur le handicap mental dans la mouvance de l’après 68, il décide d’ouvrir un atelier de création à des personnes porteuses d’un handicap mental dans une perspective qui n’est plus ni occupationnelle, ni thérapeutique, comme c’était de coutume à cette époque dans les institutions d’hébergement et de soins, mais à vocation exclusivement artistique.

Aujourd’hui, le cœur battant du musée comme sa raison d’être reposent sur sa riche collection de plus de 3.000 dessins, gravures, peintures et sculptures.


Première exposition en 1981

En 1981, à l’occasion de l’Année internationale des personnes handicapées, il s’adresse aux institutions qui, dans d’autres pays, mènent des initiatives analogues à la sienne pour leur demander de lui envoyer des œuvres réalisées en atelier par des artistes porteurs d’un handicap mental. Ebloui par la qualité et la quantité de dessins, peintures et sculptures qu’il reçoit, il décide de monter une exposition pour la mise en place de laquelle il demande à la Ville de Liège de pouvoir occuper le bâtiment du Trinkhall dont elle est propriétaire et qui était abandonné. L’autorisation est accordée, l’exposition rencontre un succès d’estime et après une période chaotique d’occupation forcée, la Ville concède au Créahm un bail emphytéotique dont bénéficie toujours le musée aujourd’hui. « C’est important parce que cela signifie qu’entre le Créahm, le musée et la Ville les relations sont fortes. Notre musée est un service public qui reflète une politique de la ville soucieuse d’instituer la culture en tant qu’opérateur d’émancipation », pointe Carl Havelange, le directeur artistique du musée.


Carl Havelange, le directeur artistique du musée

Plus de 3.000 œuvres venues de Belgique et d’ailleurs

Après avoir brièvement hébergé les ateliers, le Trinkhall devient un centre d’art différencié qui prend le nom de MADmusée en 1982. En 2008, comme l’état et la disposition des lieux ne permettaient plus à l’équipe du musée de développer ses activités, la Ville lance un concours d’architecture pour un nouveau musée. Douze années de péripéties ont été nécessaires pour la réalisation du projet. Aujourd’hui, le cœur battant du musée comme sa raison d’être reposent sur sa riche collection de plus de 3.000 dessins, gravures, peintures et sculptures qui proviennent des ateliers du Créahm, mais aussi d’autres ateliers pour personnes handicapées, en Belgique ou ailleurs dans le monde.

Face à la richesse et à la diversité de la collection hébergée par le musée, il apparaît qu’il n’y a pas de définition unifiée possible, ni d’esthétique propre au handicap mental. « La première chose dont le visiteur peut se convaincre en visitant nos expositions, c’est de l’extrême qualité des œuvres. Il ne s’agit plus de les considérer avec le regard un peu compassionnel qui sous-entend que même l’handicapé peut faire de l’art. Le seul point de ralliement que je vois entre tous les artistes que nous hébergeons dans la collection est celui de la fragilité, dans la mesure où la plupart d’entre eux ont traversé de nombreuses difficultés, psychiques ou mentales, liées au handicap. Mais comme nous sommes avant tout devant des artistes, c’est une fragilité qui n’est pas signe de faiblesse, mais plutôt de puissance expressive. »

 
© Michel Petiniot (à gauche)  et 
© Pascal Duquenne (à droite)

Un tremplin pour le monde de l’art

Chaque saison, le Trinkhall explorera une thématique particulière qui mobilise des œuvres de la collection et celles de quelques artistes contemporains invités. Comme il ne s’agit pas de comparer les uns avec les autres, mais de ressentir des émotions et les affinités électives qui peuvent se dégager entre les œuvres, aucun cartel ne permet de les identifier. Pour plus d’information, il suffit de se référer au très complet guide du visiteur. Le système de cimaises mobiles permet de modifier l’espace et de créer de nouveaux angles de promenades en fonction de l’accrochage.

La première thématique mise en place jusqu’en septembre 2021 est Visages / Frontières. Plus de 80 œuvres qui explorent les vertiges de l’identité dans des visages qui se métamorphosent, se dédoublent, s’effacent et nous interrogent. Au rez de chaussée, une salle monographique met à l’honneur le travail d’un artiste d’atelier qui ne bénéficie pas encore de toute la notoriété qu’il mérite. C’est en quelque sorte un tremplin pour le monde de l’art. Le premier artiste invité dans cette salle est Jean-Michel Wuilbeaux, issu de La Pommeraie, un atelier situé à Ellignies-Sainte-Anne (Beloeil). C’est une œuvre gourmande de lignes, de couleurs et des mots, directement inspirée de son enfance dans un milieu ouvrier à la frontière entre la Belgique et la France. Plus qu’un musée, le Trinkhall veut devenir un lieu de recherche, de rencontres et d’échanges qui développe aussi d’autres activités en partenariat avec différents opérateurs. Ainsi, une transcription des textes de Jean-Michel Wuilbeaux est en cours et elle fera l’objet d’un spectacle où les mots de l’artiste seront dits par un comédien et accompagnés d’une musique live jouée notamment par Steve Houben.
Le Trinkhall a largué les amarres, porté par sa formidable cargaison artistique et il invite le public à monter à bord pour ses voyages de découvertes et d’échanges.

Un Trinkhalle dans les stations thermales en Allemagne

A l’origine, le Trinkhalle était le point de rendez-vous des stations thermales en Allemagne où les curistes se retrouvaient pour siroter de l’eau de source ou acheter des boissons. A Liège, lors de la création du parc d’Avroy en 1880, on installa en son cœur un lieu de réjouissances et de rencontres comprenant un café et une salle de billard qu’on baptisa Trink-Hall. C’était un bâtiment en verre et en acier de style mauresque surmonté de deux coupoles cuivrées. En 1885, il aurait notamment accueilli les premières projections cinématographiques dans la Cité ardente. Un incendie et deux guerres mondiales auront cependant raison de la construction qui avait perdu tout son lustre et dont les volutes architecturales orientalisantes n’intéressaient plus grand monde. Abandonné, il fut détruit et remplacé en 1963 par un bâtiment d’allure moderniste en béton et en pierre, un établissement de standing où s’organisaient mariages, soirées dansantes et réunions d’affaires. Le café du rez-de-chaussée et les terrasses librement accessibles aux promeneurs en faisaient toujours un lieu de rencontres et de sociabilité. A son tour miné par l’insalubrité puis voué à l’abandon, ce Trinkhall moderniste finit par croiser l’histoire du Créahm. Aujourd’hui, l’ancien bâtiment des années 60 a été mis sous cloche dans une structure imaginée par les architectes Aloys Beguin et Brigitte Massart et qui offre 600 m2 de surfaces d’exposition.

 

Trinkhall Museum
Parc d’Avroy
B-4000 Liège

www.trinkhall.museum

 

RAVIVE LA FORCE DES ENZYMES


George et Gordon Blackman

Pionnière dans les solutions d’hygiène à base d’enzymes, entièrement biodégradables, l’entreprise Realco, basée à Louvain-la-Neuve depuis 1995, conforte sa position de leader par une expansion au-delà de nos frontières.


Escherichia coli, salmonella, listeria… autant de noms de guerre pour des organismes invisibles et potentiellement dévastateurs pour l’industrie agroalimentaire ou les cuisines professionnelles. Pendant longtemps, on s’est reposé uniquement sur l’arsenal chimique pour venir à bout des bactéries pathogènes. L’arrivée de Realco a radicalement changé les termes du combat sanitaire. En effet, grâce à la découverte des propriétés des enzymes naturelles, l’entreprise gembloutoise, reprise par Gordon Blackman en 1991, mettait sur le marché des produits de nettoyage et de traitement des eaux biodégradables à 100 %.

Quatre secteurs d’activité

Les activités de Realco se déploient dans quatre secteurs d’activité. Le plus important en volume est celui du secteur agroalimentaire réparti entre la production industrielle et les cuisines professionnelles et collectives, permettant le nettoyage quotidien des chaînes de production et des installations. Vient ensuite la gamme de produits destinés à l’hygiène domestique, dont la gamme eezym, distribuée en grande surface. Si, suite à l’arrivée du coronavirus, la désinfection est de plus en plus une priorité à la maison, il faut veiller à ne pas abuser de certains agents de désinfection chimiques qui peuvent générer à long terme une résistance des bactéries. Les enzymes naturelles présentes dans les produits de Realco dégradent la saleté tout en garantissant un nettoyage en profondeur ciblant les bactéries tout en respectant l’environnement. Une gamme est aussi disponible pour le nettoyage des piscines qui, dans la période de confinement, ont connu un attrait soudain. OneLife, enfin, est une filiale qui se concentre sur la décontamination des milieux hospitaliers.

Avec l’aide de l’UCL et de l’INRA

Depuis ses débuts, Realco a travaillé en étroite collaboration avec des laboratoires universitaires. C’est ainsi que l’apport scientifique de l’UCL et de l’INRA (Institut national de recherche agronomique) a permis de mettre en évidence la présence du biofilm et de mettre en œuvre des solutions pour s’en débarrasser. Le biofilm est une matrice protectrice créée par l’accumulation de bactéries qui est très difficile à détruire par les produits de nettoyage et de désinfection classiques car il peut se montrer mille fois plus résistant que lorsque les bactéries se présentent sans cette protection. Grâce à sa gamme de produits à base d’enzymes, Realco peut garantir un traitement préventif et curatif des biofilms.

La recherche et développement est au cœur de la stratégie d’expansion de l’entreprise. D’une part, pour toujours et encore améliorer les produits existants, mais aussi pour mettre au point de nouveaux produits ou protocoles. « On a travaillé pendant trois ans sur un process de nettoyage enzymatique de la ligne de production qui permet aux entreprises du secteur alimentaire d’étendre la date de péremption de leurs produits. Des résultats qui ont par ailleurs été validés par un article publié dans une revue scientifique. »


Les enzymes naturelles présentes dans les produits de Realco dégradent la saleté tout en respectant l’environnement.

La « chimie verte » et ses préjugés

Sans véritable concurrent pour ses produits, Realco doit cependant toujours tenir compte de la méconnaissance et des préjugés persistants vis-à-vis de la « chimie verte ». « L’idée que les produits écologiques ne fonctionnent pas aussi bien que les produits traditionnels circule encore dans une partie du public. Comme notre prix est légèrement plus élevé, certains hésitent à sauter le pas. Heureusement, nous avons le retour des consommateurs qui soulignent l’efficacité de nos solutions et prouvent que nous avons raison. »

Pour Realco, la chimie verte n’est pas qu’un slogan. Toute l’entreprise a d’ailleurs souscrit à une charte écologique qui promeut une gestion verte des déchets et de l’énergie, et qui encourage le personnel à emprunter la bicyclette pour tous les déplacements de proximité.

Des filiales à l’étranger

A côté de la vente de ses produits, l’entreprise propose aussi un service de conseil et d’accompagnement. Realco peut ainsi aider ses clients à mettre en place la meilleure stratégie d’hygiène en identifiant les bactéries pour choisir le produit le mieux à même de les éliminer. « Les entreprises ont souvent des protocoles de nettoyage bien rodés mais pas toujours sans défaut. On essaie de s’intégrer dans le processus pour en accroître son efficacité. »

Présente hors de nos frontières via un réseau de partenaires et de distributeurs actifs un peu partout dans le monde, Realco a aussi l’ambition de s’implanter sur d’autres continents via des filiales. Sur le plan mondial, le petit poucet belge est appelé à se battre contre des grands groupes, il est donc primordial d’être bien implanté sur les marchés étrangers. « Nous avons une filiale aux Etats-Unis appelée Realzyme, où nous employons trois personnes. Et nous sommes en train d’évaluer la location la plus appropriée pour en ouvrir une autre en Asie. »

Un incendie, puis le Covid !

L’année 2020 aura laissé des traces dans les annales de Realco, l’entreprise aujourd’hui dirigée par George Blackman. A double titre. En janvier, un incendie ravageait entièrement les sites de production et de stockage de l’entreprise située dans le parc scientifique de Louvain-la-Neuve, heureusement sans faire de victimes et en laissant les capacités de gestion et de recherche et développement intactes. Deux mois plus tard, c’était la pandémie du Covid-19 et le « lockdown » sur la planète entière ! L’entreprise, qui emploie 53 personnes, a heureusement pu traverser ces deux coups durs sans dommage à long terme.

« Nous n’avons procédé à aucun licenciement », se réjouit Valentine Neirynck, Product Manager. « Le personnel s’est montré très flexible. Certaines fonctions ont bien évidemment dû être remaniées temporairement. Nous avons aussi vu des commerciaux venir aider au conditionnement. C’est vraiment grâce à l’implication de nos collaborateurs que nous sommes arrivés à nous relever des difficultés. »

Côté clients, la continuité a été assurée grâce aux partenariats avec des sous-traitants. « Nous pouvions compter sur les stocks encore disponibles chez des partenaires et distributeurs. En six semaines, nous avons pu relancer la production grâce à des sous-traitants. »

On ne mesure pas encore les bouleversements liés à la pandémie du coronavirus, mais une chose est claire, la désinfection et l’hygiène sont plus que jamais à l’agenda ! Même si ses produits et ses activités de base n’étaient pas directement concernées, Realco a participé à l’effort général en produisant du gel hydroalcoolique – lequel doit respecter une formule soigneusement cadenassée. « Cela a contribué à nous maintenir la tête hors de l’eau. »


www.realco.be


©Mabamiro

Pôle musical pour le Brabant wallon et bien au-delà, la Ferme du Biéreau, à Louvain-la Neuve, vient de se doter de deux nouvelles salles et d’une cour entièrement réaménagée. Grâce à ces outils polyvalents et performants, la ferme conforte son statut singulier dans le paysage culturel francophone.


Depuis plus d’une quinzaine d’années, le lieu-dit du Biéreau, avec son ancienne ferme du XVIIIe siècle, dont les parties plus anciennes remontent au XIIe, est devenu le rendez-vous des amateurs de musiques en tous genres. Situé près du centre de la cité universitaire, le lieu accueillera son public, dès cet automne, avec deux nouvelles salles et une cour entièrement rénovée. Les deux projets développés de manière distincte ont été menés simultanément pour profiter d’évidentes synergies dans les travaux.

La cour, un espace pavé de 1200m2, était encore dans son jus originel. Sa rénovation était donc attendue. « C’est un lieu de passage, comme une place dans la ville. Nous voulons en faire un lieu accueillant, mais aussi carrossable et exploitable pour des événements », précise Gabriel Alloing, le directeur du lieu. Plutôt qu’un retour à l’ancienne avec ses pavés « casse-chevilles », la cour a opté pour une couverture contemporaine faite de septante plaques en acier corten découpées de silhouettes d’instruments de musique. Geste architectural, ces dalles sont aussi le support d’une opération de crowdfunding originale puisqu’elles peuvent être parrainées par des particuliers ou des entreprises. Chaque donateur, joliment baptisé « articulteur », a pu choisir l’instrument qui sera gravé sur la dalle et retrouvera son nom avec l’ensemble de tous les donateurs sur un panneau placé dans la cour. Les pavés historiques ne seront pas entièrement gommés puisqu’ils sont inclus dans le dessin d’un liseré qui encadre les dalles de métal.

Deux salles dans les anciennes écuries

Les écuries qui accueillaient déjà certains événements sont désormais équipées de deux salles. De plein pied, la salle des voussettes et, sous les toits, un deuxième espace plus intimiste rythmé par les impressionnantes charpentes du XVIIe siècle. Ces espaces polyvalents, accueillant respectivement 180 et 60 personnes, seront également mis à la disposition du public pour des événements, réceptions, concerts, spectacles ou soirées dansantes. « Cela répond à une vraie demande de la part d’opérateurs, privés, publics et parapublics ou de particuliers. » Les transformations conçues dès le départ avec la collaboration des équipes techniques ont permis de gagner de la place tout en améliorant le confort du public. Dans la salle du bas, sous les emblématiques voussettes de brique, les magnifiques mangeoires en pierre bleue seront toujours là, tout comme les râteliers qui dissimulent astucieusement les câblages.

Une campagne de crowdfunding

Les deux projets de rénovation ont été menés en partenariat avec la ville d et l’UCL, avec la participation de la Province du Brabant wallon et de la Région wallonne. Sur un budget total de 1,25 millions d’euros, la Ferme du Biéreau a participé à hauteur de 250.000 euros provenant de fonds propres et de la campagne de crowdfunding. Une capacité financière alimentée par la bonne gestion, mais surtout par la place singulière qu’occupe la Ferme du Biéreau dans le paysage culturel francophone. « Nous sommes reconnus en tant qu’opérateur culturel. Environ 45 % de notre chiffre d’affaire proviennent des subventions, alors que les 55 % restants sont alimentés en fonds propres par la billetterie, la location de salles, la marge sur la co-production de spectacles et le sponsoring. C’est un schéma d’économie mixte dans une dynamique de PME, mais avec des objectifs de service public et les subventions qui les accompagnent. »

Plutôt qu’un retour à l’ancienne avec ses pavés « casse-chevilles », la cour a opté pour une couverture contemporaine faite de septante plaques en acier corten découpées de silhouettes d’instruments de musique.


Egalement un lieu de coproduction

Si d’aucuns connaissent le Biéreau par ses concerts dans la grande grange, mis en valeur par dix années de partenariat avec « D6bels On Stage », le Biéreau c’est bien plus que ça. L’ancienne ferme cultive désormais sons, rythmes et mélodies sous toutes ses formes. En fonction du projet, elle se fait lieu de création, d’enregistrement de spectacle ou de diffusion. Dernière corde à son arc, la coproduction de spectacles musicaux. « Alors qu’ils sont une dizaine en Flandre, nous sommes le seul opérateur culturel francophone à développer ce type d’activité. » Parmi les créations les plus récentes, on notera NinaLisa, de Thomas Prédour, sur les relations entre Nina Simone et sa fille Lisa ou Pierre et le Loup, de Prokofiev, raconté par Alex Vizorek et illustré en direct par Karo Pauwels. « Nous ne travaillons bien évidemment pas tout seuls, nous agissons plutôt comme un producteur exécutif ou un producteur délégué le fait au cinéma. »

 « Pour pouvoir comprendre ce qu’est la réalité des artistes, il est toujours préférable d’en être un soi-même. »
 

© Samuel Szepetiuk

Gabriel Alloing, le directeur du lieu. 

Le théâtre dans la peau

Si Gabriel Alloing est né à Avignon, c’est à Louvain-la-Neuve qu’il est venu très jeune s’installer avec ses parents, portés par le vent d’utopie qui soufflait sur la cité universitaire. Dans la ville qu’il a vu grandir, il a suivi des études d’ingénieur civil tout en manifestant sa curiosité pour le théâtre, notamment avec les ateliers Son-Corps-Voix de Jean Mastin. Clin d’œil du destin, il avait déjà, à l’époque, investi les écuries de la Ferme du Biéreau pour une version expérimentale de Ruy Blas où il s’est retrouvé suspendu aux râteliers. Son diplôme en poche, il exerce son métier d’ingénieur pendant deux ans. Mais alors qu’il était en mission en Thaïlande, le virus du théâtre se rappelle à lui et il décide de rentrer en Belgique pour s’inscrire au Conservatoire royal de Liège dans la section comédien-concepteur. Très vite, son profil suscite l’intérêt et il reçoit plusieurs propositions pour diriger un centre culturel. Il les balaie toutes jusqu’à ce que, en 2008, on l’invite à s’occuper de la Ferme du Biéreau. « Ce projet venait à un moment intéressant dans mon parcours et surtout c’était un lieu où tout était à inventer. » Douze ans plus tard, il est toujours là, la tête pleine de projets. La routine et les rails, il déteste ça. « Tant qu’il y a de nouveaux défis à développer, ce sera pour moi ; si c’est pour ronronner, je passerai le flambeau. »

Boulimique du travail, il n’a pas pour autant abandonné les planches, se partageant entre le travail d’acteur, de metteur en scène ou d’auteur. « J’ai besoin de créer, ça me nourrit, si je ne faisais que du bureau, je ne serais pas heureux. » Il y voit aussi un complément indispensable à son action de gestion culturelle. « Pour pouvoir comprendre ce qu’est la réalité des artistes, il est toujours préférable d’en être un soi-même. »

Inauguration le 8 octobre

En développement permanent, la Ferme du Biéreau a encore d’autres partitions à écrire car la rénovation du site n’est pas totalement achevée. Gabriel Alloing rêve d’agrandir et d’ouvrir le foyer sur une centaine de mètres carrés de part et d’autre du parking. « C’est le premier espace que voient et traversent les gens quand ils arrivent, donc ce serait bien d’amener un geste architectural contemporain, qui ne dénature pas l’ensemble. » Reste encore le corps de logis et ses 800m2 qui devraient être rénovés quand les moyens seront disponibles. Son affectation est encore à préciser, mais ce devrait être un mix entre de l’Horeca, des espaces de stockage et de répétition.

Pour l’heure, rendez-vous le 8 octobre afin de découvrir les nouveaux espaces du Biéreau avec un mini-festival de quatre jours. Fidèle à ses principes, le programme est tout en éclectisme avec notamment les iconiques « Gangsters d’Amour », désormais menés par Philippe Résimont, et une sieste acoustique avec « La Crapaude », le quatuor polyphonique féminin qui réinterprète et dépoussière des chansons traditionnelles de Wallonie pour en faire vibrer toute la poésie et l’étrangeté.

 
La Ferme du Biéreau
Place Polyvalente
B-1348 Louvain-la-Neuve
+32 (0) 70 22 15 00

 

 

ou la révolution du silex

A Spiennes, à 6 kilomètres de Mons, s’étend un vaste réseau de galeries creusées par les hommes du Néolithique pour extraire le silex. Ce site exceptionnel du patrimoine wallon, qui fête cette année les vingt ans de sa reconnaissance par l’Unesco, a été enrichi d’un centre d’interprétation.

 


© AWaP-SPW

A l’époque néolithique, le site d’extraction de silex à Spiennes a été exploité pendant près de deux millénaires, entre 4350 et 2300 avant notre ère. Une échelle de temps qui nous donne le vertige à une époque où tout change si vite. Siècle après siècle, des hommes sont descendus par des puits verticaux qui atteignent parfois seize mètres de profondeur pour extraire la précieuse roche à l’aide de pics et d’outils en silex. La sédentarisation et le développement de l’agriculture qui se développent à cette période nécessitaient de nouveaux outils, tels que des haches en silex poli pour débroussailler le terrain et abattre les arbres. Le silex, abondant dans la région, a la particularité d’être facilement taillable en présentant des arrêtes dures et tranchantes. Son utilisation marque une étape majeure dans l’évolution culturelle et technologique de l’homme de la préhistoire.

L'utilisation du silex marque une étape majeure dans l’évolution culturelle et technologique de l’homme de la préhistoire.


Entre 10.000 et 40.000 puits

Redécouvertes au XIXe siècle et inscrites depuis décembre 2000 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, les minières de Spiennes représentent une centaine d’hectares de vestiges répartis sur deux zones, Camp-à-Cayaux et Petit Spiennes, situées de part et d’autre de la vallée de la Trouille. Sur 140 ans, seulement une quinzaine de puits d’extraction ont pu être fouillés alors que le site abriterait entre 10.000 et 40.000 puits, suivant les évaluations. Autant dire qu’il sera impossible, même à plusieurs générations d’archéologues, d’en venir à bout. L’objectif de l’Agence wallonne du Patrimoine consiste donc avant tout à protéger et étudier ces vestiges du génie minier.

Spiennes s’intègre à un vaste ensemble discontinu qui s’étend sur toute l’Europe avec près de 200 sites. Il est néanmoins exceptionnel par son étendue et par la présence, par endroits, de deux bancs de silex, ce qui a nécessité des galeries plus larges et permet aujourd’hui aux visiteurs de s’y tenir debout. « C’est un site majeur pour la recherche sur le silex », pointe Hélène Collet, archéologue à l’Agence wallonne du Patrimoine. « C’est aussi un témoignage unique du début de l’extraction minière. Il n’y a pas beaucoup de sites archéologiques et encore moins de sites préhistoriques, inscrits au patrimoine de l’Unesco. »

Sur 140 ans, seulement une quinzaine de puits d’extraction ont pu être fouillés alors que le site abriterait entre 10.000 et 40.000 puits, suivant les évaluations.

 


© AWaP-SPW

Le centre d’interprétation Silex’s

L’archéologie préhistorique, contrairement aux périodes ultérieures, est rarement spectaculaire. Elle nécessite une mise en perspective et des explications. C’est dans cette optique qu’a été imaginé le centre d’interprétation Silex’s inauguré en 2015. Posé comme une couronne sur le site de fouilles, le bâtiment, conçu par l’architecte Etienne Holoffe, comprend des éléments didactiques et le produit des fouilles. Des vitrines et panneaux didactiques situent la période du Néolithique en Chine, en Amérique, au Proche-Orient et en Europe, avant de s’attarder sur Spiennes. On peut, grâce au produit des fouilles, mieux comprendre la technique d’extraction du silex et avoir un aperçu de la vie quotidienne de ces populations qui vivaient il y a 6.000 ans.

Visite des galeries

C’est par une passerelle que l’on accède au puits et aux galeries de la mine. La visite se déroule dans des conditions particulières, claustrophobes s’abstenir. L’exploration se fait en petits groupes et uniquement sur rendez-vous. Une fois équipé d’un harnais de sécurité et coiffé d’un casque, le visiteur est invité à descendre l’échelle métallique pendant une dizaine de mètres jusqu’aux galeries où un espace de 100 m2 a été dégagé. Le visiteur n’est pas laissé à lui-même car dans cet endroit exceptionnel toutes les surfaces peuvent receler des vestiges d’un passé lointain : ici des outils ou des ossements qui affleurent dans la roche, là des fossiles des animaux qui peuplaient les mers qui couvraient la région il y a 70 millions d’années.


© SRPH

Les minières de Spiennes représentent une centaine d’hectares de vestiges répartis sur deux zones, Camp-à-Cayaux et Petit Spiennes, situées de part et d’autre de la vallée de la Trouille.


Un village mis au jour

Au cours des fouilles, les archéologues ont mis au jour les vestiges d’un village établi entre 4000 et 3500 avant notre ère par les communautés qui exploitaient la mine. Ils ont aussi découvert des ateliers de taille, car le silex était généralement taillé sur place alors que le polissage, opération longue et monotone, pouvait être exécuté ailleurs. Dans ces ateliers, le mineur débitait les morceaux de silex remontés à la surface. On y a trouvé des « ratés », des silex mal taillés ou brisés lors du façonnage ou du débitage.

Les vingt années de fouilles, menées par l’Agence wallonne du Patrimoine et la Société de Recherche préhistorique en Hainaut, ont permis de faire d’énormes progrès dans la connaissance et la compréhension de la vie des communautés de mineurs du Néolithique. Certaines découvertes étaient inattendues et spectaculaires comme les ossements presque complets d’un homme adulte et un nouveauné qui ont été retrouvés dans un des puits sans doute utilisé comme sépulture.

« Mais les découvertes les plus intéressantes viennent souvent de l’exploitation d’un matériau qui aurait été négligé au XIXe siècle », souligne l’archéologue. Finement tamisés, les débris de terre et de roche extraits des puits révèlent des graines, des fragments d’os qui ont beaucoup de choses à dire…

Vingt années riches en découvertes se sont écoulées depuis le début de la première campagne de fouilles. Et il reste encore bien des vestiges à faire parler.


Vingt années de découvertes

Les graines et les pollens, par exemple, ont permis de reconstituer le paysage environnant caractérisé par une forêt de tilleuls riche en noisetiers et en aubépines. Elles nous donnent également un aperçu de l’alimentation de ces populations composée, entre autres, de l’amidonnier, le premier blé cultivé par l’homme, de légumineuses (pois ou vesces) et de noisettes.

« Le travail de l’archéologue va bien au-delà de la récolte d’objets et de traces du passé, explique Hélène Collet. Il y a une démarche prospective qui commence avec l’analyse et l’interprétation de toutes les trouvailles, même les plus infimes. La présence d’ossements et de carcasses de fœtus nous apporte la preuve que ces populations élevaient porcs et veaux pour leur consommation. La découverte de mauvaises herbes avec le blé laisse penser qu’il y avait des champs sur le plateau. »

Vingt années riches en découvertes se sont écoulées depuis le début de la première campagne de fouilles. Et il reste encore bien des vestiges à faire parler. « On sait peu de choses sur le travail de la mine à la préhistoire. C’est un boulot qui nécessite des moyens et, heureusement, nous sommes activement soutenus depuis vingt ans par l’Agence wallonne du Patrimoine. C’est un travail passionnant et essentiel qui nous met à chaque instant face à notre humanité. Quand nous tombons sur un silex taillé ou poli, ce n’est pas un simple morceau de roche, mais un outil abandonné par un mineur, il y a 6000 ans. Un outil qui vient avec d’innombrables questions auxquelles nous avons envie de trouver des réponses. »

Des visites accompagnées et une animation seront prévues sur le site à l’occasion des Journées du Patrimoine 2020, les 12 et 23 septembre.

www.minesdespiennes.org

www.silexs.mons.be


© AWaP-SPW

Des pierres à fusil

L’exploitation du silex à Spiennes ne s’est pas limitée au Néolithique mais a connu une résurgence tardive au XIXe siècle. Cette découverte – fortuite, comme souvent – a été faite lors de fouilles préventives réalisées au printemps 2017 avant de lancer d’importants travaux. Contactée par un exploitant qui souhaitait implanter un vignoble sur le versant sud du plateau de « Petit-Spiennes » à Nouvelles, l’Agence wallonne du Patrimoine y a réalisé des tranchées archéologiques qui ont permis de découvrir d’intéressants vestiges d’extraction du silex ainsi qu’une aire de production de pierres à fusil dont des sources écrites mentionnent l’existence entre 1819 et 1833.

Depuis l’invention de l’arquebuse, c’était la platine à silex qui permettait la mise à feu de la cartouche. Tant que nos régions étaient sous domination française, l’approvisionnement en pierres à silex était assuré par l’important site d’extraction du Loir-et-Cher. Passées sous domination hollandaise, les populations locales ont commencé sur le site de Spiennes une modeste extraction pour couvrir leurs besoins. Son exploitation fut de courte durée puisqu’elle devint obsolète avec l’apparition, au milieu du XIXe, de la platine à percussion et de l’amorce au fulminate.

Pour protéger ces fragiles vestiges, une parcelle d’une superficie d’un hectare a été exclue du projet de vignoble et classée en patrimoine archéologique.

la forêt sauvage pour tous

Dans ce vaste domaine forestier situé à Theux, au pied des Fagnes, la nature s’impose de deux façons. Le parc animalier met en valeur les animaux sauvages de nos régions. Et le parc aventure propose des parcours accrobranche exceptionnels.


Il faut remonter au XIIe siècle pour trouver trace des derniers ours sauvages dans les forêts de Wallonie. Depuis, le plantigrade n’a jamais quitté notre imaginaire, peuplant les contes et les récits, parfois terrifiant, parfois inoffensif et consolateur. C’est donc toujours avec un frisson particulier que l’on observe ces fascinants animaux s’ébattre dans ces paysages qui étaient jadis leur environnement naturel. Les ours, au même titre que les loups, les lynx, les bisons et bien d’autres animaux sont quelques-uns des hôtes du parc animalier de Forestia où ils vivent en semi liberté.

Niché au pied des Fagnes, ce domaine de 44 hectares est né au début des années 70 sous la forme d’un parc à gibier. Séduits par la beauté du site, des investisseurs privés ont décidé, en 2002, d’en faire le cœur d’un parc d’activités ouvert à tous les publics. Inspirés par le mélange unique de feuillus et de conifères, les nouveaux gestionnaires ont eu l’idée d’y développer les premiers parcours accrobranche en Belgique.

Onze parcours accrobranche

« Nous avons pris nos renseignements dans différents pays, comme en France où le concept est né à l’initiative de techniciens affectés aux pistes de sport d’hiver qui cherchaient de nouvelles activités pour l’été, mais également au Canada et en Pologne, explique Philippe Lafontaine, le directeur du parc. Ensuite, nous sommes allés voir des techniciens cordistes avec qui nous avons mis au point notre concept qui a évolué au fil des années pour être de plus en plus performant et de plus en plus agréable pour les usagers. »

Aujourd’hui, le parc aventure c’est onze parcours dans les arbres ponctués d’obstacles de difficultés variables. On progresse sur des passerelles tendues entre les troncs ou au sommet de la canopée, entre 2 et 17 mètres de haut, d’où la vue est unique. « Nous avons conçu les parcours de sorte que les familles puissent y accéder ensemble, de manière sécurisée et encadrée. Notre particularité, c’est que nous pouvons accueillir les enfants à partir de 4 ans. Nous avons même un tout petit parcours pour les petits à partir de 2 ans. Ils sont invités à faire du ramping, équipés avec des casques et des petits baudriers, ce qui procure beaucoup d’amusement avec un parfum d’aventure. » Entre le parcours Coccinelle pensé pour les enfants à partir de 4 ans et le parcours Puma prévu pour les amateurs de sensations fortes, il y en a pour tous les goûts et tous les gabarits physiques.

C’est donc toujours avec un frisson particulier que l’on observe ces fascinants animaux s’ébattre dans ces paysages qui étaient jadis leur environnement naturel.


Forestia
Rue du Parc 1
B-4910 Theux
+32 (0) 87 54 10 75

www.forestia.be

300 animaux, 30 espèces

Le parc animalier a été conçu comme une invitation à la promenade qui s’étend sur 3 à 5 kilomètres entre les enclos qui abritent 300 animaux d’une trentaine d’espèces différentes. « Les enclos sont parfois tellement vastes qu’on doit rester statique pendant 5 à 10 minutes avant de voir les animaux. Au final, on les voit toujours parce que le parcours a été dessiné pour faire le tour des enclos. Tout est conçu de façon à ce qu’on puisse voir les animaux à un moment ou un autre. Il faut juste un peu de patience. »

Les ours sont au nombre de six, trois bruns et trois noirs. Ces derniers, un peu plus petits, sont les derniers arrivés. Ils ont été offerts par un refuge américain qui les avait recueillis dans la forêt après le décès de leur mère. Installés dans un vaste enclos séparé de celui des ours bruns, ils se sont parfaitement acclimatés. Il y a aussi huit loups originaires du Canada qui forment une meute aujourd’hui parfaitement intégrée à la forêt wallonne. Forestia a pris la décision de stériliser ses animaux pour éviter la reproduction. « Il y a bien assez d’animaux en mauvaise captivité à travers le monde pour qu’on en reproduise encore. » Parfois, malgré ces précautions, il peut y avoir des arrivées inattendues, comme la naissance de Kinder, en 2010, un magnifique ourson né de Gamin et de Fifille, les deux ours présents dans le parc à l’origine.

Des parcours didactiques

Parc promenade proche de la nature, Forestia a aussi décidé de se passer de spectacles, pas toujours de très bon goût, leur préférant des exposés didactiques au cours desquels ours et loups pointent le bout du museau pour déguster les en-cas qui leur sont proposés. Pour compléter les aménagements mis à disposition des visiteurs, le Forest Bar propose une restauration conviviale et familiale. « Nous avons opté pour la qualité, en offrant un service à table par exemple. Chez nous, on est loin des plateaux en plastique et des files interminables rencontrées dans certains parcs d’attraction. »

« Tout est conçu de façon à ce qu’on puisse voir les animaux à un moment ou un autre. Il faut juste un peu de patience. »


Malgré l’impact économique de la crise du coronavirus, Philippe Lafontaine voit l’avenir avec confiance. Forestia va évoluer comme il l’a toujours fait avec de nouvelles activités qu’il préfère encore ne pas dévoiler. « Ce qui ne change pas, c’est que nous resterons fidèles à notre ADN basé sur l’accueil d’un public familial dans une nature proche où évoluent des animaux des régions nord européennes. »

« Le Martinet », la clinique des animaux

A l’abri du public, Forestia héberge aussi une asbl qui mène un travail essentiel permettant aux animaux sauvages blessés ou affaiblis de retrouver leur habitat naturel. Hébergé sur le site depuis 2011, « Le Martinet » est aujourd’hui le plus important centre CREAVES (Centre de Revalidation pour les Espèces Animales Vivant à l’Etat Sauvage) de Wallonie. Chaque année, entre 1.200 à 1.300 animaux y sont recueillis et soignés avant d’être remis en liberté. Les oiseaux constituent 80 % des pensionnaires du refuge. Il y a de nombreux rapaces, mais aussi des oiseaux de taille plus modeste, merles ou moineaux, qui bénéficient de la même attention de la part des trente bénévoles et des trois vétérinaires. Tous les animaux pris en charge sont ceux que le public a pu recueillir dans la nature et déposer lors des permanences d’accueil ou dans l’infrastructure d’accueil accessible 24 heures sur 24.

A la plus grande satisfaction de l’équipe, 65 % des animaux recueillis et amenés au centre retrouvent leur milieu naturel après la revalidation. « Toute vie animale est importante. Quand nous voyons une cigogne s’envoler ou un hérisson rejoindre son abri, nous avons la satisfaction de jouer notre rôle dans la chaine de la nature », explique Mélanie Krings, la responsable de l’asbl.

 

le Martinet
+32 (0) 496 76 83 55

www.lemartinet.be

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