De l’art de transformer une ferme
En écoutant Françoise et Pierre Misonne évoquer les beautés et richesses des vallées de la Lesse et de La Semois, nous aurions été très nombreux à parier qu’ils ont tous les deux grandi en terre ardennaise. Erreur : il s’agit d’un couple d’Anversois ! Francophones, certes, mais Anversois quand même. Ils ont vécu une cinquantaine d’années dans la ville portuaire avant de réaliser un vieux rêve : émigrer dans le sud du pays, vivre au milieu d’une faune et d’une flore magnifiques. « Je connais très bien la région car mes grands-parents avaient une propriété près de Bouillon où je venais passer mes vacances, explique Françoise. Mon mari et moi y avons souvent séjourné ensuite tout en rêvant de nous y installer définitivement quand nos enfants seraient grands. Ce qui est chose faite ! »
Après plusieurs années de recherches et pérégrinations, c’est finalement à Maissin, à un kilomètre de la Lesse, qu’ils ont décidé de jeter l’ancre voici neuf ans. Dans une vieille ferme abandonnée depuis longtemps de toute activité agricole et où seul le corps de logis était demeuré dans un état honnête. « En décidant de transformer complètement les deux étables et la grange afin d’aménager des chambres d’hôtes, nous ne savions pas dans quelle galère nous nous engagions », raconte Pierre, dont le prénom pourrait faire penser qu’il a accumulé une expérience dans la construction. Las ! C’est dans le milieu bancaire que l’homme a appris à jongler avec les briques.
Quatre années de labeur
Quatre ans ! C’est le temps passé par le couple en compagnie des corps de métiers et architectes, alternant espoirs et doutes au milieu des poutres et des pierres, entre béton à couler, éléments porteurs à consolider et fenêtres à percer. « Finalement, voici cinq ans, nous sommes arrivés au bout de notre périple grâce à notre voisin qui est entrepreneur et qui a très bien compris que nous voulions conserver le caractère ancien de la bâtisse, explique Françoise. Je tenais notamment à garder en un seul volume le large espace où les fermiers venaient décharger le foin. Nous l’avons transformé en hall d’accueil avec salon et feu ouvert. Dans l’une des parties, nous avons fait construire un étage en mezzanine qui fait office de deuxième salon et donne accès à trois chambres aménagées avec confort et simplicité. Et, dans le plafond de cette mezzanine, nous avons fait découper une large baie vitrée, ce qui permet de contempler, assis dans les fauteuils, le vieux toit de la grange armé de sa pince à foin d’origine qui glissait sur des rails. »
« Les planchers et les portes massives en bois local que nous avons fait faire sur mesure sont l’œuvre d’un menuisier de Bertrix, surenchérit son mari. En fait, nous avons donné du travail à de nombreux corps de métiers et artisans de la région, ce qui fait qu’aujourd’hui nous sommes très bien intégrés dans la commune et nous nous entendons à merveille avec tout le monde ! »
Un gîte dans une forge
Aux trois chambres d’hôtes pour deux personnes aménagées dans cette partie et toutes équipées de salle de bain avec toilette privée, baignoire ou douche, est venue s’ajouter une suite familiale que le couple a aménagée dans l’ancien corps de logis qu’il occupe depuis le début des travaux. Cette suite est idéale pour un couple avec enfants parce qu’elle est isolée des autres chambres. Au total, « L’Ail des Ours » propose donc quatre chambres de charme, dont une suite familiale, et peut accueillir dix personnes. « Mais nous pouvons encore en héberger trois ou quatre autres dans le gîte que nous avons aménagé dans le petit bâtiment en pierres situé près de la route, expliquent les propriétaires. Il s’agit d’une ancienne forge datant de 1805. Probablement la plus vieille maison du village… »
Les tables de Françoise
Le couple a encore une corde à son arc grâce aux tables d’hôtes que propose Françoise du lundi au samedi. La maîtresse de maison, en effet, est un cordon bleu qui s’est découvert une passion pour la cuisine à l’annonce de la quarantaine. « Je me suis alors inscrite à l’école hôtelière, puis j’ai commencé à cuisiner par hobby, ensuite pour des connaissances et, voici quinze ans, je suis passée en société – L’Aïoli – en qualité de traiteur. J’ai continué cette activité ici, à Paliseul, après avoir aménagé l’une des étables en vaste cuisine professionnelle. Avec l’aide de mon mari, je prépare aussi des repas sur réservation pour nos hôtes. C’est ce qui explique que ceux-ci disposent non seulement de plusieurs espaces salon, mais également d’une salle à manger où ils peuvent souper tous ensemble. C’est plus gai et cela favorise les rencontres. »
En bonne… Ardennaise, Françoise mitonne ses mets en donnant priorité aux produits du terroir – dont les pommes de son verger – et en respectant le rythme des saisons. Pour les passionnés, elle organise également des ateliers culinaires sur demande. Elle peut, par exemple, vous apprendre à cuisiner des plats à base de légumes cueillis dans son potager et parfumés avec une plante que l’on trouve dans la forêt, du côté de Bouillon : l’ail des ours. « La feuille peut servir à faire des potages et du pesto, la fleur à aromatiser le vinaigre. »
Rue Commandant Henri Calvez 3
B-6852 Maissin (Paliseul)
+32 (0) 61 50 12 42 ou +32 (0) 486 02 45 86
À VOIR, À FAIRE
La nature, évidemment
La Foire agricole de Libramont (du 24 au 27 juillet), le Village du Livre à Redu, l’Euro Space Center à Transinne, le Domaine des Grottes de Han, ou encore l’Abbaye d’Orval et le château-fort de Bouillon… ce ne sont pas les curiosités touristiques qui manquent autour de Paliseul. La plupart des couples qui viennent loger chez les Misonne, qu’ils soient belges ou étrangers, préfèrent cependant la quiétude et le plaisir des randonnées pédestres ou VTT. « J’ai suivi une formation de guide-nature à Libramont, explique Pierre. Je peux donc, à la demande, préparer des promenades à thème et servir de guide dans la forêt. En automne, par exemple, je propose souvent d’emmener nos locataires à la cueillette des champignons. Ensuite, mon épouse leur montre en cuisine comment les préparer… »
Avec le soutien du Commissariat Général au Tourisme
En collaboration avec :